
Les essais nucléaires en Polynésie française
Comment la France a-t-elle reconnu ses responsabilités dans les essais nucléaires en Polynésie française ?
Pour amener à la mise en place de surveillance à long terme à Moruroa, des missions d’expertises indépendantes mais autorisées par l’état français ont été organisées. Elles ont permis de constater les conséquences des essais sur l’environnement mais aussi de rassurer les populations locales. Plusieurs missions ont eu lieu mais nous allons nous intéresser seulement aux plus importantes.
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La mission Tazieff
La mission Tazieff a duré quatre jours, du 26 au 28 juin 1982, sur le site deMoruroa. Elle était dirigée par l’ingénieur naturalisé français Haroun Tazieff. Les experts assistèrent à un tir de faible puissance, celui de Laodice. Selon le rapport de Tazieff, il n’y aurait pas eu de contamination radioactive alors qu’en 2006, il sera prouvé que cet essai nucléaire a eu une fuite de 0,06 TBq d’iode-131 radioactif. Cette mission avait pour premier objectif de rassurer la population travaillant sur l’atoll sur la stabilité géologique de l’atoll. En effet, quelques années auparavant, des effondrements de pentes extérieures de l’atoll se sont produits.
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La mission Atkinson
Celle-ci fut la mission nommée «Rapport Atkinson» en 1983, elle s’est déroulée du 25 au 29 octobre sur le site de Moruroa avec l'accord du président de la république François Mitterrand. Elle était dirigée par M.H.R Atkinson, ancien directeur du laboratoire national d'études des radiations de Nouvelle-Zélande, et était composée de cinq experts néo-zélandais et australiens. Le gouvernement français était en total accord avec cette mission et y avait apporté toute l'aide nécessaire. La France avait un réel enjeu dans cette mission
Durant cette mission, les spécialistes n’assistèrent à aucun essai mais purent prélever des échantillons de zone. Cependant, parmi toutes les observations réalisées parles experts et les résultats obtenus, aucun de leurs échantillons de départ ne provenaient des zones réelles où ont eu lieu les essais, notamment les essais aériens. Plus précisément, ils n'ont pas été autorisés à prélever dans les parties Nord et Ouest de l'atoll de Moruroa. Ils ont également été interdits de récupérer un échantillon de sédiment du lagon.Ainsi, il y a de forte chance que les résultats publiés suite à cette mission soient faussés.Les autorités françaises avaient cependant reconnu la présence de dix à vingt kilogrammes de plutonium dans le fond du lagon. Un mécanisme de surveillance à long terme est demandé à la France car le plutonium va peu à peu se répandre dans l'océan.
Les experts de la mission d'Atkinson ont constaté que le corail avait une très faible radioactivité. De plus, des traces des retombées des essais aériens ont été détectées seulement à des lieux très éloignés de l'atoll de Mururoa.
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La mission Cousteau
La mission du commandant Cousteau (académicien et capitaine de corvette honoraire de la marine nationale) s’est déroulée en 1987, deux ans après Pour la France,
Pendant le déroulement de cette mission, une équipe de plongeurs a exploré les fonds marins et a prélevé des échantillons biologiques et minéralogiques. Les experts ont également assisté à un essai souterrain (Iphitos). Les conclusions de cette mission restent superflues mais Cousteau est en accord avec la mission Atkinson sur la possibilité de remontées d'éléments radioactifs enfouis dans le lagon. Les résultats ont permis de constater la contamination de quelques zones des atolls et une certaine pollution atmosphérique engendrées par les essais aériens. Une fuite d’iode-131 radioactif a été constatée pendant l’essai observé. Les radioéléments artificiels dus aux essais souterrains sont encore confinés dans la couche terrestre. Cependant ils représentent un danger sur le long terme car ils risquent de remonter à la surface. La DIRCEN (direction des centres d’expérimentation nucléaire) reste en opposition avec ce dernier terme de la conclusion de la mission Cousteau.
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La mission de l’AIEA
Après l’arrêt des essais nucléaires en 1996, le président Jacques Chirac demande à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) de dresser un bilan radiologique des atolls nucléaires de la Polynésie française.
La France a financé cette mission et a fourni aux scientifiques toutes les données nécessaires, des échantillons ainsi que des documents techniques sur la radiologie et la géomécanique des essais. L’AIEA est également allée prélever des échantillons des atolls directement à Moruroa et Fangataufa.
C’est en 1998 que le rapport final de la mission a été rendu public, il déclare : « qu’il n’est pas nécessaire de poursuivre la surveillance de l’environnement de Mururoa et Fangataufa à des fins de protections radiologiques ». Cependant, il précise également : « qu’une certaine surveillance des niveaux des radionucléides dans la biosphère, pourra également être utile pour convaincre le public de la sûreté radiologique permanente des atolls ». Ce dernier point a été retenu par la France, il est à l’origine des programmes de surveillance radiologiques à long terme mis en place.
Ces missions ont joué un rôle important dans la reconnaissance de la France face aux risques engendrés par ses essais nucléaires. C’est grâce à ces dernières que la France a pris conscience du danger radioactif que les essais représentaient et elles sont à l’origine de la mise en place d’organisme de surveillance sur longue durée.

Tahiti: arrivée de la mission Atkinson en 1983
source: moruroa memorial


Photo du commandant Cousteau
Source: cousteau.org