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La force de dissuasion, un choix politique

 

        Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France commence à s’intéresser au nucléaire. Le 18 octobre 1945 (presque trois mois après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki), De Gaulle créé le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) dans le but d’effectuer des recherches sur l'énergie atomique dans le domaine de la science, de l’industrie et de la défense nationale.

Les forces françaises ont eu l'occasion de s'exercer au maniement d'armes nucléaires avec des armes américaines dans le cadre de l'OTAN dans les années 1950 et 1960.

Le 30 août 1954, le traité de la Communauté Européenne de Défense impliquant l’abandon du nucléaire par la France est refusé à l’Assemblée Nationale. En octobre et en novembre 1954, Pierre Mendès (le Président du Conseil des ministres français) signe un décret instituant une Commission supérieure des applications militaires de l'énergie atomique et un arrêté créant au sein de celui-ci un Comité des explosifs nucléaire : cela marque le démarrage du programme nucléaire militaire français. Ce n'est qu'en 1958 que le programme nucléaire militaire français fut officialisé par le général de Gaulle.

S’en suivra, le 13 février 1960, le premier essai français d'une bombe A à Reggane, dans le Sahara algérien.

Pour la France, l’arme nucléaire un rôle fondamentalement politique. L’arme nucléaire n’est pas utilisable au même titre que les autres, il s’agit d’empêcher la guerre et de dissuader les ennemis : c’est une « force de dissuasion ». Mais il s’agit également de pouvoir affirmer, sur la scène internationale, que la France ne dépend d’aucune autre puissance pour ce qui est de sa survie.

C’est le 24 août 1968  avec le premier essai d'une bombe H, que la France devient officiellement la 5ème puissance nucléaire.

 

 

La Polynésie, un choix réfléchi

 

       Depuis l'obtention de la bombe nucléaire, les scientifiques ont eu besoin d'effectuer des essais grandeurs nature afin de faire avancer leur recherche. Ceux-ci ont été effectués pour la première fois le 13 Février 1960 dans le Sahara en Algérie qui était encore une colonie française, la France pouvant utiliser l'Algérie comme bon lui semblait. La première bombe atomique française fut baptisée « Gerboise bleue » et sa puissance était comparable à l’équivalent de 70 000 tonnes de TNT ou à trois fois celle d’Hiroshima. De 1960 à 1966 plus de dix-sept bombes ont été lancées, cependant l'Algérie réclame son indépendance, la guerre éclate et se termine en 1962 avec la défaite de la France. Mais comme nous l'avons vu précédemment, la France a continué d'effectuer ses essais quatre ans après l'Indépendance de l'Algérie alors que celle-ci avait perdu tous ses droits sur son ancienne colonie. En effet, suite à la déclaration d'indépendance de la colonie des accords ont été faits: les Accords d'Evian de 1962, une close stipule que la France aura le droit de continuer ses essais nucléaires jusqu'à fin 1966.

 

         Le gouvernement français est confronté à un problème de taille, il ne possède plus de site pour réaliser ses essais, il faut en trouver un nouveau qui répondrait à des critères précis: éloigné de toute civilisation et possédant un espace suffisant pour construire un centre et pouvoir effectuer les explosions. En effet, jusqu’à présent les bombes lancées étaient de type A et la France suite à ses essais aériens et souterrains possédaient suffisamment d’information sur cette dernière pour passer à la bombe H (thermonucléaire) ce qui nécessitait, à nouveau, des essais aériens. Le choix se porte alors sur les colonies françaises dans le  Pacifique : la Nouvelle-Calédonie ou la Polynésie Française. Cependant le Général Thiry rejette la proposition de la Nouvelle-Calédonie car il craint des répercutions politiques. En effet, la colonie se trouve à proximité de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie ce qui entrainerait des pressions politiques et entraverait les recherches françaises.

 

        La Polynésie française retient alors toute l'attention du gouvernement, l’archipel de Tuamotu est évoqué et c’est là que le choix définitif se portera avec l’atoll de Mururoa et de Fangataufa, mais aussi l’atoll d’Hao qui servira de base avancée (une piste d’atterrissage, base militaire, installation technique et d’hébergement du CEA) avec la création en 1962 du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP). Commencèrent alors en 1963 d’immenses travaux pour aménager les sites de pistes d’atterrissage, de routes, de petits ports… Quant à la base arrière du CEP, elle est implantée à Tahiti et comporte un aéroport et un port. Cependant dès 1956 le Général de Gaulle a habilement évoqué la question lors d’une visite en Polynésie : « Un refuge et un centre d’action pour la civilisation toute entière. Voilà pourquoi la transformation du monde à laquelle nous assistons donne à votre île et aux îles qui l’entourent, une importance tout  coup très grande ». 

 

 

Mururoa dans les années 80. (c) MN

source: croixdusud

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