
Les essais nucléaires en Polynésie française
Comment la France a-t-elle reconnu ses responsabilités dans les essais nucléaires en Polynésie française ?
Un débat politique:
Le Pacifique du Sud
Le Pacifique, une zone d'essai pour les grandes puissances
Après la Seconde Guerre mondiale, le Pacifique est exploité par les puissances nucléaires comme site de tirs pour leurs essais atomiques. En effet, ses sites sont principalement composés de petites îles vastes, étendues et habitées par une population peu nombreuse et peu dense.
Carte du Pacifique Source: Encyclopédie Larousse
Les Etats-Unis ont été les premiers à utiliser l’opportunité que représente l’Océan Pacifique pour ses essais nucléaires sur les îles Marshall, Sous-le-vent et Christmas, soit plus de 100 essais dans le Pacifique de 1946 à 1962, tous atmosphériques. Puis, c’est au tour du Royaume-Uni d’utiliser le Pacifique pour ses expérimentations de 1952 à 1958, tout d’abord sur les îles Monte Bello en Australie et sur les îles Christmas, les essais ont tous été fait en atmosphère.
Enfin, la France décide en 1966 de suivre l’exemple des Etats-Unis et du Royaume-Uni, qui n’avaient rencontré aucune protestation de la part des grandes puissances du Pacifique Sud. En effet, en acceptant et en encourageant les essais nucléaires des américains et des britanniques, les deux puissances océaniennes, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont garanti la sécurité de leur région contre le risque d’attaques extérieures. Par exemple, dans le contexte de la Guere Froide, la présence Américaine a permis aux deux puissances de se protéger de la menace soviétique. C’est pourquoi, les arguments des gouvernements de Cambera et de Wellington ont été irrecevables pour la France, voyant en ces contestations
moyen de l’empêcher d’acquérir son indépendance politique grâce à une force de dissuasion. Par ailleurs, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont acquis un certain prestige en faisant partie du programme d’expérimentation atomique britannique. En effet, l’avis des états du Pacifique sur le nucléaire a été positif, ce qui s’est révélé être une démarche principalement politique, jusqu'au milieu des années cinquantes. Cependant, en raison des nombreux essais effectués en atmosphère, une partie de la population néo-zélandaise et australienne a commencé à s’interroger sur les possibilités d'une contamination radioactive des habitants, de l’environnement et sur ses conséquences.
A l'issu de cela, mais aussi grâce à la mise en place d’une ligne téléphonique entre les présidents des Etats-Unis et de l'Union Soviétique, le Traité de Moscou d’interdiction partielle des essais nucléaires est signé le 5 août 1963 par les américains, les anglais, les russes et par plus de cents autres pays. Cependant la France ,et la Chine qui voit là un obstacle à leur défense, refusent de coopérer . Elles considèrent que le traité n’est pas une mesure assez efficace pour le désarmement, qu'il va à l’encontre de leur politique d’indépendance national et qu'il a pour but de les empêcher de faire partie des puissances atomiques. En effet, le Traité de
Signature du Traité de Moscou Source: Ina
Moscou interdit les essais atmosphériques et marins, cependant, il autorise les expérimentations souterraines. Mais la France, s’essayant à la bombe H doit tout d'abord effectuer, pour des besoins scientifiques et techniques, des explosions atmosphériques avant de procéder aux essais souterrains. Malgré les nombreuses critiques à son égard, le Général de Gaulle s’indigne dans la mesure où le traité de Moscou n’engage en aucun cas les américains et les russes à se désarmer mais plutôt à éviter la prolifération du nucléaire et donc par conséquent à conserver leur pouvoir sur le monde.
« Je vous répèterai, une fois de plus, que si, un jour, les Américains et les Soviétiques désarment, c'est-à-dire s'ils en viennent à la destruction et à l'interdiction des moyens nucléaires, c'est de grand cœur que la France s'abstiendra de s'en procurer. ». Charles de Gaulle
Toutefois, la Nouvelle-Zélande et l’Australie continunent de contester la décision française et décident de poursuivre la France, le 9 Mai 1973, à la Cour Internationale de Justice de la Haye (CIJ). Cependant, l’accusé qu’est le gouvernement français annonce en 1974, au grand soulagement du Pacifique, la fin de ses expérimentations atmosphériques car il posséde suffisamment d’information pour passer à des essais souterrains. C’est alors une victoire et une défaite pour les deux puissances océaniennes, qui ne sont qu’à moitié satisfaites. En effet, elles ont réclamé, en plus de la fin des essais aériens, une condamnation à laquelle la France a pu aisément échapper. Contre toute attente, c’est Paris qui est sortie la plus victorieuse, puisque cette affaire a affirmé et renforcé sa souveraineté et la suprématie de sa politique nucléaire sur l’Océanie en rejetant les compétences de la CIJ en la matière. De plus, cela lui a très certainement permis de gagner du temps afin de terminer son programme d’expérimentation atmosphérique, et par conséquent de conserver son indépendance politique et sa liberté de décision.
Protestation des états insulaires du Pacifique
Cependant la Nouvelle-Zélande et l’Australie ne sont pas les seules à protester dans le Pacifique, les archipels du Pacifique sud voisins de la Polynésie française se joignent aux contestations. En effet, avant la signature du traité de Moscou, les Etats-Unis, l’URSS et la Grande-Bretagne se sont préparés à cette interdiction en effectuant 178 essais nucléaires en l’espace d’une année (1962), record jamais égalé en l'espace d'une année.
Le logo de la CPS Source: Wikipédia
Cependant l'organisation permet à ces puissances de justifier leur présence sur le territoire du Pacifique du Sud. Par exemple, la France par son investissement financier et sa position d’état fondateur, a réussi à imposer sa langue et à promouvoir la francophonie au milieu des états anglophones, en effet le français et l’anglais sont les langues officielles de la CPS. Celle-ci comporte d’autre inconvénient qui ont engendré les contestations des états insulaires, ces territoires nouvellement indépendants veulent exprimer leur avis sur le développement du Pacifique et ne sont pourtant présents à la CPS qu’à titre consultatif. Qui plus est, lors des réunions, il n’est pas question de politique mais seulement d’initiatives économiques, techniques et culturelles. Ces inconvénients poussent alors certains dirigeants des états membres dont le Premier Ministre Fidjien, Ratu Mata à la « révolte de Lae » des états insulaires face à la suprématie des puissances coloniales. Lors de la conférence annuelle de 1965 à Lae en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ils déclarent vouloir étendre leurs compétences au-delà du pouvoir consultatif. Toutefois, la CPS a permis le développement d’une conscience régionale, car elle est la seule organisation à réunir les dirigeants des états insulaires ; elle a aussi permis à ses dirigeants d’exprimer leurs inquiétudes sur les actions françaises dans la région. Enfin, même si la CPS est une organisation apolitique, les petits états ont eu l’opportunité de discuter politique parallèlement aux réunions. Cela montre un « renouveau océanien » où les états veulent une organisation régionale à laquelle ils peuvent s’identifier sans être contraints par les grandes puissances.
C’est alors la création en 1971 du FPS, qui est le premier instrument de la contestation régionale de la politique française. En effet, seuls les états insulaires du Pacifique avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont participé aux forums, cependant les territoires français d’Océanie ont été exclus car les TOM (territoire d'outres-mer) français ont une autonomie trop limitée. L’objectif du FPS est alors de dénoncer le colonialisme » auquel ils ont été contraints malgré leur semblant d'indépendance. Par conséquent ils souhaitent remettre en cause les activités françaises en dénonçant leurs activités nucléaires, et ainsi par des communiqués annuels ils ont pour but d’informer et de mobiliser la communauté internationale.
Ces communiqués n’ont pas cessé d’évoquer le problème qu’a posé pour le forum les essais nucléaires à compter de l’année 1972 jusqu’à leur fin en 1996, malgré certaines périodes de calmes (1976 à 1980 et 1986 à 1990). Il a ainsi pu imposer une double pression, régionale et internationale, à la France grâce à la médiatisation de leurs protestations. En effet, ces contestations ont permis aux états océaniens de bénéficier du soutien d’organisations internationales telles que l’Organisation des Nations Unies qui appel la France à la signature du traité de Moscou. Afin de protéger leur environnement, le Forum a décidé de reprendre l’idée de la création d’une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud, évoqué en 1975 par les îles Fiidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Zélande,
abandonnée à cause du retour des partis conservateur en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cela afin d'aboutir à la signature du traité de Rarotonga le 6 Août 1985. Celui-ci préconise l’interdiction de tous essais dans cette zone mais aussi l’interdiction d’obtenir l’arme atomique et l’immersion des déchets radioactifs. Grâce à sa lutte, le Forum a permis aux Etats Océaniens d’exprimer leur sentiment et d’ainsi créer une cohésion dans leur contestation qui leur a apporté une certaine crédibilité sur la scène internationale. Par conséquent, les états membres ont pu affirmer leur indépendance politique à l’échelle mondiale.




Drapeaux Nouvelle-Zélande, Australie Source: Wikipédia
C’est pourquoi, suite à cette intense période d’essais que les états du Pacifique, pensant avoir gagner une partie de la "guerre" contre les essais, ont violemment réagi face à l’annonce de l’implantation du français. Cette contestation a été initialement portée par le Forum du Pacifique du Sud (FPS, devenu le FIP : Forum des Îles du Pacifique en 2000) découlant de la Commission du Pacifique Sud (CPS). Créée en 1947 par l’Angleterre, la France, les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la commission a pour but de stabiliser les états du Pacifique suite à la seconde guerre mondiale. Cependant l'organisation permet à ces puissances de juterritoire du Pacifique dustifier leur présence sur le Sud. Cependant l'organisation permet à ces puissances de justifier leur présence sur le territoire du Pacifique du Sud.

Logo de la FPS Source: Wikipédia